22 avril 2016

El guido del crevardo

© Camille Burger – Éditions Audié
Camille Burger
Fluide Glacial, 04 – 2016
96 pages – 17 €

Voyage, voyage...

Fascinés par les mariachis, le guacamole et les sombreros, trois français au budget plus que réduit partent au Mexique durant 5 semaines sans parler quasiment le moindre mot d’espagnol. A peine quelques euros en poche, une soif inextinguible de bière (cervesa !), un vocabulaire limité, rudimentaire (cervesa por favor !), ils débarque au Distrito Federal, aujourdui, Ciudad de Mexico.

¡ Bienvenidos a Mexico !

Nos routards 2.0 sont à pied d'œuvre pour vous faire découvrir le Mexique d’une façon dont aucun guide ne vous parlera jamais. Ce parcours sinueux et chaotique est avant tout une escapade au pays du Tequila et accessoirement à celui des aztèques, mayas, mixtèques, olmèques, toltèques, zapotèques, Quetzalcóatl, Moctezuma, chols, huichols, lacandons, nahuas...

© Camille Burger – Éditions Audié
Le ton est donné dés le titre avec sa mauvaise traduction volontaire. El guido au lieu de La guía et crevardo pour crevard, ce dernier étant un routard aux capacités économiques très réduites. Il en résulte un vrai road-movie 100 % destroy, une bd déjantée sur un pays surréaliste. Camille Burger a parcouru le Mexique avec sa bande de copains et est revenue à Paris un carnet de croquis bien rempli. Elle partage ses inoubliables aventures dans cet ouvrage enthousiasmant, entre roman graphique et carnet de voyage, un guide contenant tous les endroits que personne n'a pensé à noter avant ! L'album s'articule autour de l'itinéraire des voyageurs, Mexico, Puebla, Oaxaca ... et des lieux visités, le Zocalo, la Condesa, Chapultepec, mercado Sonora, Cholula .... Chaque étape est pimentée des anecdotes, des clichés ou des ressentis de chacun, locaux ou touristes. On trouve en plus quelques pages dédiées à l'histoire du Mexique, à ses traditions et à sa culture, tequila, lucha libre, révolution, et à ses spécialités alimentaires. La critique du café de olla est un modèle de mauvaise foi. Si on peut reprocher au café americano, tel que le boivent les mexicains, un manque de de force et de saveur, le café de olla avec cannelle et piloncillo est un incontournable, même si sa qualité dépend du lieu ou il sera commandé. Au café El Jarocho on est jamais déçu.
© Camille Burger – Éditions Audié

Ce qui ont déjà voyagé au Mexique retrouveront à coup sur dans ce guide quelques savoureux souvenirs. Ceux qui envisagent de s'y rendre y trouveront d'intéressantes présentations d'informations incontournables.

Voir les détails de l’album sur le site de Fluide Glacial

PhH
© Camille Burger – Éditions Audié

10 avril 2016

Santa


Federico Gamboa
Ed. Fondo de Cultura Económica, 2006
Biblioteca Universitaria de Bolsillo

Escrita en 1903, esta novela no es producto de las lecturas sino de la experiencia directa del autor, que retrata la vida nocturna, las tertulias, las fiestas y los arrabales de la capital mexicana que le tocó vivir. A través de la historia de una campesina que se convierte en prostituta, Gamboa nos lleva por una ciudad pecaminosa y oscura. A diferencia de Naná de Zola, a quien el autor mexicano conoció en 1893 y de quien recibió una influencia determinante para su obra, Santa provoca compasión y no odio.

Roman écrit en 1903, Santa est le fruit des lectures et surement des expériences de l’auteur mexicain Federico Gamboa qui, dans ce roman, relate la vie nocturne, les fêtes, l’animation des faubourgs de la capitale mexicaine. C’est la triste histoire d’une paysanne expulsée par sa famille qui, sans savoir où aller, décide de commencer une nouvelle vie dans une société qu’elle méconnait. Elle y trouve la facilité et le libertinage qui tôt ou tard lui couteront la vie. A la différence du roman « Nana » d’Emile Zola, qui a fortement influencé l’œuvre de Gamboa, Santa provoque de la compassion à son lecteur.

A plus d’un siècle de distance, les situations et les sentiments restent les mêmes : la douleur et la misère mais aussi le pardon et la bienveillance.

Christine Bertheuil

2 avril 2016

Ruines

© Çà & Là – Peter Kuper
Peter Kuper
Editions Çà & Là,  11-2015
330 pages couleurs, 28 euros

Ruines est le cinquième ouvrage que Peter Kuper publie chez çà et là. Il met en scène deux trentenaires new-yorkais, qui vont tenter de sauver leur couple au bord de l’implosion en venant passer une année sabbatique à Oaxaca, une petite ville provinciale mexicaine, au cœur de l’héritage historique et architectural des anciennes civilisations d’Amérique centrale et des traces laissées par les Conquistadores. Mais Oaxaca est en révolte. La population accuse son gouverneur, Ulises Ruiz Ortiz, d’avoir truqué son élection, de détourner l’argent public à son profit et d’avoir mis en place un vaste système de corruption. George et Samantha se retrouvent confrontés à une double crise : celle de leur relation affective, et la crise politique que connaît la ville au moment où des manifestations d’enseignants sont violemment réprimées par le gouverneur local. En fil rouge de ce récit et symbole de cet aller sans retour pour l’un des protagonistes, Peter Kuper suit la migration d’un papillon monarque depuis les États-Unis jusqu’à la région d’Oaxaca pour se reproduire, un parcours de plus de 4000 km qui est aussi l’occasion pour l’auteur de montrer les ravages causés par l’homme sur son environnement.

© Çà & Là – Peter Kuper

Peter Kuper s’inspire largement des deux années qu’il a passées avec sa femme dans la ville d’Oaxaca, au sud du Mexique, et du soulèvement populaire dont ils furent témoins en 2006. Ruines capte magistralement les ombres et la lumière d’un pays à la fois soumis à d’énormes tensions internes et fermement ancré dans son histoire et sa culture, tissant ensemble drames personnels, politiques et écologiques, dans un portrait passionnant de la vie au sud du Rio Grande*. Mêlant conflits sociaux, crise de couple et destin de papillons, l’auteur livre une œuvre sensible et esthétiquement superbe. Le récit est avare de dialogues, le dessin suffit à rendre les situations et les émotions, et à faire surgir les interrogations. Peter Kuper s’approprie l’iconographie des civilisations perdues et celle du Mexique contemporain.

Ruines a reçu le prix Millepages 2015

© Çà & Là – Peter Kuper
 Source Éditions Çà & Là

Du même auteur : Deux ans au Mexique